Danger des pesticides dans les végétaux à Mayotte
Contexte
Mayotte est constituée d’une forte proportion d’agriculture informelle et une pratique courante de vente de produits agricoles en bord de route. La population mahoraise est exposée à des risques sanitaires importants liés à une mauvaise utilisation de pesticides et l’utilisation de pesticides interdits.
En 2020, Mayotte comptait 4 300 exploitations agricoles déclarés, principalement des micro-exploitations, produisant sur une superficie totale de 6 000 hectares. Cependant, jusqu’à 80% de la production végétale est issue de l’agriculture informelle, ce qui entraîne une utilisation répandue de pesticides non homologués et dangereux pour la santé humaine et l’environnement.
Légumes contaminés
Les contrôles menés par le service de l’alimentation de la DAAF, révèlent une utilisation généralisée de pesticides illicites, en particulier dans les cultures maraîchères informelles. Des prélèvements effectués sur des légumes vendus en bord de route ont montré des taux de non-conformité dépassant souvent les 70%. Ces pesticides non homologués sont souvent introduits à Mayotte via des bateaux clandestins en provenance des îles voisines mais aussi via des importations frauduleuses. Parmi les substances actives détectées, on trouve des pesticides interdits dans l’Union européenne, dont certains sont classés comme extrêmement toxiques pour la santé humaine et l’environnement. Par exemple, des prélèvements effectués sur des tomates ont révélé une contamination au diméthoate, un insecticide interdit dans l’UE en raison de ses effets néfastes sur la santé humaine.
Actions prévues pour lutter contre l’utilisation des pesticides interdits
Face à cette situation préoccupante, un plan d’action pluriannuel territorial de l’Etat pour l’agriculture, l’agroalimentaire et la forêt de Mayotte a été mis en place. Ce plan vise à réduire le recours aux produits phytosanitaires, à lutter contre l’importation et l’utilisation de produits interdits et à renforcer les contrôles de leur utilisation. Des mesures sont également envisagées pour sensibiliser les acteurs locaux aux dangers des pesticides non homologués et pour renforcer la coopération avec les autorités compétentes, notamment les douanes, afin de lutter contre l’importation illégale de ces produits. Diverses actions interministérielles vont être réalisées afin de réprimer l’utilisation et l’introduction des produits phytosanitaires non homologués.
Dans le cadre de ce plan d’actions, l’arrêté préfectoral 2024/DAAF/416 relatif à la mise sous surveillance renforcée de la commercialisation des produits végétaux dans le département de Mayotte a été publié le 10 juin 2024.
Le SALIM, dans une opération organisée par le CODAF (Comité Opérationnel Départemental Anti-Fraude, a ainsi saisi et détruit 170 kg de tomates présentant un risque de contamination aux pesticides sur le marché de Dzoumogne, le 03 juillet 2024. D’autres actions similaires sont programmées dans l’objectif de garantir la sécurité sanitaire des produits végétaux pour le consommateur.
Conclusion
Les légumes vendus en bord de route à Mayotte présentent un risque phytosanitaire avéré, mettant en danger la santé des consommateurs. Des actions concertées et des mesures préventives sont mises en place et vont être accentuées pour remédier à cette situation, afin d’assurer la sécurité alimentaire et la protection de la population contre les risques liés à l’utilisation de pesticides non homologués.
Ci-après, les résultats d’analyses des produits végétaux réalisés par le Service de l’Alimentation de la DAAF sur la période 2017-2023 :
Origine du prélèvement | Pourcentage moyen de non-conformité (2017-2023) |
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Agriculteurs (production primaire déclarée) – programmation PSPC | 12% - sur 157 analyses |
Grandes et Moyennes Surfaces (GMS) | 20% - sur 34 analyses |
Prélèvements « bord de route » | 70% - sur 93 analyses |
Marchés communaux | 59% - sur 64 analyses |